• L'ABEILLE       de Louise Ackermann 

    BEBETES & CIE

    Quand l'abeille, au printemps, confiante et charmée,
    Sort de la ruche et prend son vol au sein des airs,

    BEBETES & CIE

    Tout l'invite et lui rit sur sa route embaumée.
    L'églantier berce au vent ses boutons entr'ouverts ;

    BEBETES & CIE

    La clochette des prés incline avec tendresse
    Sous le regard du jour son front pâle et léger.

    BEBETES & CIE

    L'abeille cède émue au désir qui la presse ;
    Elle aperçoit un lis et descend s'y plonger.

    BEBETES & CIE

    Une fleur est pour elle une mer de délices.
    Dans son enchantement, du fond de cent calices

    BEBETES & CIE

    Elle sort trébuchant sous une poudre d'or.
    Son fardeau l'alourdit, mais elle vole encor.

    BEBETES & CIE

    Une rose est là-bas qui s'ouvre et la convie ;
    Sur ce sein parfumé tandis qu'elle s'oublie,

    BEBETES & CIE

    Le soleil s'est voilé. Poussé par l'aquilon,
    Un orage prochain menace le vallon.

    BEBETES & CIE

    Le tonnerre a grondé. Mais dans sa quête ardente
    L'abeille n'entend rien, ne voit rien, l'imprudente !

    BEBETES & CIE

    Sur les buissons en fleur l'eau fond de toute part ;
    Pour regagner la ruche il est déjà trop tard.

    BEBETES & CIE

    La rose si fragile, et que l'ouragan brise,
    Referme pour toujours son calice odorant ;

    BEBETES & CIE

    La rose est une tombe, et l'abeille surprise
    Dans un dernier parfum s'enivre en expirant. 

    BEBETES & CIE

    Qui dira les destins dont sa mort est l'image ?
    Ah ! combien parmi nous d'artistes inconnus,

    BEBETES & CIE

    Partis dans leur espoir par un jour sans nuage,
    Des champs qu'ils parcouraient ne sont pas revenus !

     

     

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