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L'autre jour, je compulsais le vieux grimoire que mon aïeule m'a légué. Il traite des "GRANDS SECRETS DE FEMMES, VERTUS DES PLANTES, POUVOIR DES PIERRES et nos ANIMAUX PREFERES"
Je tombais sur une recette sensationnelle : "pour ne plus tirer le diable par la queue",
Fastoche ! il me fallait un beau chaudron, un chat noir, de l'eau de source, un bon feu de cheminée et une feuille de lierre. En tournant la page, on pouvait lire qu'en levant le couvercle après 1 heure sur la flamme, le chaudron se remplissait de pépites d'or… (trop trop bien ! exactement ce qu'il me faut)
J'ai tout les ingrédients ? Parfait ! Et en avant Guingamp ! Me tournant vers Belle-Zébuth, je l'imaginais déjà mijotant dans la marmite…
MAIS ! mais ! mais ! attention....
La recette disait aussi qu'en contrepartie, le diable s'invite dans la maison en passant par le conduit de la cheminée…
J'ai déjà 2 chiens, 2 chats, un mari… ça me suffit… un diable à la maison, c'est sale, ça pue, c'est plein de puces et de maladies, ça vole, ça tourmente et ça salit.
Donc pour ce bon tuyau, c'est râpé, je continuerai à le tirer par la queue. Je préfère nettement, me concentrer sur une recette plus à ma portée : la TARTINE BEURREE.
Pendant que je m'affairais sur ma miche de pain et sa motte de beurre, mon attention fut attirée par un bruit feutré… Je dressai l'oreille… silence… je me reconcentrais sur mon ouvrage. Et là ! HORREUR ! ça dégringola dans le conduit de la cheminée ! STUPEUR ! La suie pleuvait dans l'âtre. VAPEURS ! La frousse me submergea...
Je sus alors que le tentateur s'invitait dans MA maison.
Aurais-je réalisé la recette par l'intention ?
Toujours est-il que pour conjurer ma peur et protéger ma maison, je glissais le pic à glace à ma ceinture, moulinais du tournebroche, le couvercle du chaudron au poing, prête à pourfendre la bête à la sortie du conduit.
Deux jours, j'ai attendu ! il faisait un boucan d'enfer ! Mais qu'est-ce qu'il attend ? Se serait-il coincé ? Il ne peut en être autrement…
Il me fallait trouver une solution au plus vite. M'armant de courage, je glissais dans l'âtre, me tortillant de mon mieux pour apercevoir le démon.
Et je le vis ! d'abord la soie grise de sa culotte couvrant chastement son fessier coincé, puis ses pattes rouges accrochées au volet de la cheminée…
Je m'étirai dans l'âtre, tendis le bras pour l'attraper mais il me manquait quelques centimètres pour le toucher. En désespoir de cause, j'allai chercher l'aspirateur, l'eau bénite et le chapelet et me mis à aspirer le gris de sa culotte. La suie tombait sur mon visage, me forçant à cligner des yeux. Malgré tout, mes efforts payèrent : le démon, se débattant comme un beau diable, s'arrima à l'embout de l'aspi, et je pus enfin le tirer de sa posture.
En ouvrant les yeux, je constatai dépitée que mon ange déchu, n'était qu'un simple pigeon…
Pauvre diable, va !
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