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Ah oui, il faut que je vous raconte :
Hier, je suis allée couper un bouquet de ronces pour mes phasmes. Je me suis arrêtée sur les berges du Rhône, à la hauteur des déversoirs. Dans le trou d’eau, il y avait un cygne. Je n’y ai pas prêté attention, j’étais pressée.
Les ronces commencent à faire les feuilles, voici les prémices du printemps, j’ai l’âme primesautière même si le temps est pluvieux…
Mon bouquet est fait, je vais pouvoir rentrer avant la pluie.
Me retournant, je sursautais : le cygne avait monté le talus et venait à ma rencontre. Poliment, je me dirigeais vers lui (pas trop près non plus, la bête me soufflant son courroux). Je crus futé de le saluer et de lui parler comme à une vieille connaissance :
- « Salut l’ami ! Voilà longtemps qu’on ne s’était vu. Que deviens-tu depuis mon dernier passage ?
- Coin-coin-coin-coin, me trompetta-t-il,
- Peut-être es-tu intéressé par mes ronces ?
- Coin-coin-coin-coin… (traduction : t’es bien gentille, mais non merci) »
Il me dépassa, continua son chemin, cahin-caha, se retournant comme pour m’inviter à la suivre. Je lui emboîtais le pas, pérorant pour ne pas changer.
Puis il s’arrêta à l’autre bord du talus, je m’approchais, il continuait à trompéter et enfin je vis….
Ma gorge se serra, le chagrin me submergeât, je sus sa peine. Les sanglots secouaient mes épaules, la pluie et les larmes mouillaient mon visage.
Ami, je ne peux rien faire pour toi, seulement porter le poids de ton chagrin. Qu’on soit humain ou animal, l’amour et la peine se valent.
C’est le printemps…
...et tu es seul.
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