• LE VIEUX MOULIN

    de Agnès RIVIERE

     

    Li sires dist : Dame, prenés

    Je suis un vieux moulin

    Le chastelain et si lavés,

    Qui broyait le bon grain

    Qui nous a fait très grant honnour  Qui ci fist ore son retour.

    j'en faisais de la farine

    Lors ont lavé et sont assis, Mès orent tieux com a devis,

    Bien belle, bien fine

    Et bon vin à lor volenté. De maintes causes ont parlé, 

    LE VIEUX MOULIN 

    Ma grande roue tournait

    D’armes, d’amours, de chiens, d’oisiaus, De tournoiemens, de cembiaus.

    Le cours d'eau chantait

    Li chastelains moult remiroit  D’uns iex covers, quant il osoit,

    Le vent était mon ami

    La biauté et le corps bien fait

    Le brave meunier aussi

    Sa dame à qui amours li fait 

    LE VIEUX MOULIN 

    Où donc est la rivière?

    Estre servant toute sa vie. La dame n’ert pas enplaidie,

    Qui jouait avec les pierres

    Ains fu d’une maniere coie ; Et non pourquant ses iex envoie

    Ma grande roue s'est tue.

    Simplement vers le chastelain : Esgarder ne l’ose de plain.

    Elle aussi ne chante plus !

    Après disner par grant soulas Orent vin, pommes, gingembras,

    LE VIEUX MOULIN 

    Tout aurait donc une fin ?

    Et puis si se leverent tuit. Chascuns ala en son eduit.

    Le meunier et son moulin !

    As tables vont aucuns jouer, Ou aus eschés pour deporter.

    La belle farine, le bon grain !

    Li aucuns faucons vont loirier ;

    Qu'est devenu le bon pain ?

    Chascuns s’en va esbanoier.

    LE VIEUX MOULIN

     

    Le texte caché est extrait du Roman du Châtelain de Coucy et de la Dame du Fayel, manuscrit médiéval français (provenant du scriptorium de Jean de Wavin)  écrit en picard à la fin du XIIIe siècle (peut-être 1285) par le trouvère Jakemon Sakesep

     

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